Interview « Paroles d’Artistes » sur le site des Pinceaux Léonard
Dès le début de son aventure terrestre, elle a aimé mélanger les couleurs et les textures. Après des études artistiques, elle a pris la tête d’un studio de création graphique pour une grande maison d’édition belge, mais a vite réalisé que passer ses journées devant une palette virtuelle ne comblait aucunement son besoin de mettre ses doigts dans la matière. Les portes de l’univers de la peinture en décor se sont alors ouvertes à elle, à la faveur d’un stage aux Beaux-Arts. De retour sur les bancs de l’école, elle intègre le prestigieux institut Van der Kelen-Logelain à Bruxelles. Elle y passera «des mois exaltants», comme elle nous le raconte, «à acquérir des techniques ancestrales au milieu d’autres passionnés.» Artiste et restauratrice confirmée, Marie Vanesse se livre à nous pour une interview passionnante sur sa vie et ses travaux, dont certains sont réalisés à l’aide des Pinceaux Léonard. Rencontre.
Rencontre avec Marie Vanesse
Léonard : Bonjour Marie et merci d’avoir accepté de nous parler de vous et de vos réalisations. Vous êtes restauratrice de peintures murales, un travail que l’on imagine passionnant. Comment en êtes-vous arrivée là ?
Marie Vanesse : Oui, c’est passionnant ! Je n’ai jamais quitté ma fidèle palette vous savez. J’ai d’abord commencé sur des chantiers de décoration puis, très vite et comme une évidence, j’ai voulu me lancer dans des projets de restauration pour de somptueux Monuments Historiques français.
Mes collègues restaurateurs m’ont alors généreusement transmis leur savoir-faire, que j’ai avidement complété par de nombreux stages et lectures. Aujourd’hui, ma spécialité est la restauration de peintures murales et toiles monumentales marouflées.
Léonard : Impressionnant ! Parmi toutes ces œuvres sur lesquelles vous avez travaillé, y en a t’il une dont vous êtes particulièrement fière ?
Marie Vanesse : J’ai eu la chance de participer à l’élaboration des « Period Rooms » de l’aile Sully du Musée du Louvre. Ce sont des salons reconstituant des décors intérieurs du 18e siècle, l’époque de Marie-Antoinette. La collaboration avec le grand décorateur Jacques Garcia, mais aussi avec les conservateurs du musée et les autres artisans, a été un vrai bonheur. Tout comme le plaisir de marcher dans les pas des excellents ouvriers du passé, et de retrouver autant que possible leur savoir-faire tout en l’adaptant à notre époque.
J’y ai fait principalement des marbres peints hyperréalistes et de la dorure à la feuille, tout cela à l’aide de pinceaux fabriqués par Léonard ! D’ailleurs, en visitant cette partie du Louvre qui abrite les collections d’objets d’art du 18ème siècle, vous pourrez voir le résultat de mon travail.
Léonard : Les techniques que vous utilisez demandent effectivement l’utilisation de matériel parfois très spécifique. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos pinceaux de prédilection ?
Marie Vanesse : Je suis très attachée à ma collection de pinceaux pour marbres en fibre samy. J’ai la chance de tout posséder dans cette gamme formidable, du deux-mèches au chiqueteur en passant par le brécheur. Leur utilisation me permet de retrouver à l’acrylique le rebondi et les gestes que le poil naturel donne au travail à l’huile, ce qui est indispensable pour réaliser des marbres hyperréalistes en adaptant à l’eau les techniques ancestrales étudiées à Bruxelles.
Ils s’entretiennent facilement et sont robustes malgré mon usage assez intensif… Le seul problème que j’ai eu avec un pinceau à marbrer fut de me blesser sur le lien de fil de fer un peu déroulé, en le nettoyant d’une manière sans doute trop enthousiaste!
Léonard : Nous avons eu vent d’un livre dont vous êtes l’auteur, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Marie Vanesse : Tout à fait ! Un éditeur, Le Bec en l’Air à Marseille, m’a un jour persuadée que mes notes patiemment collectées sur les recettes des peintres anciens pour fabriquer leurs propres peintures pouvaient composer un manuel intéressant. Il en est sorti, en 2010, « Peintures, Recettes maison » qui illustre pas-à-pas une cinquantaine de recettes historiques revisitées au goût du jour, à base d’ingrédients simples et parfois inattendus dans la composition de peinture comme le fromage blanc ou la fécule de pomme de terre.
Ce fut une belle aventure et être l’auteure de ce livre me permet encore aujourd’hui d’entrer en contact avec d’autres artistes, des peintres muraux ou même de simples curieux. Je reçois pas mal de courrier et de questions, et j’en suis très fière!
Dans le but de faire rayonner ces fascinantes recettes à base des matériaux bruts, outre le livre, j’ai également créé l’association l’Atelier des Pigments. J’anime des stages, et je me déplace également pour des cours et démonstrations. Dans le futur, j’aimerais vraiment développer d’avantage cette activité de transmission, et j’ai aussi l’envie de me mettre aux tutoriels vidéo dans un avenir tout proche. La vidéo transmise sur internet me semble une manière aussi intéressante que le livre d’échanger avec toutes sortes de passionnés de la couleur ! À suivre donc …
Léonard : Que de projets en perspective ! Une dernière question pour les lecteurs qui aimeraient suivre un parcourt professionnel comme le vôtre, quels conseils pourriez-vous leur donner pour réussir ?
Marie Vanesse : Faites-vous votre propre parcours, si vous avez la passion, aucune manière pour atteindre votre but ne sera mauvaise. Les seules choses impossibles sont celles que l’on n’essaie pas d’atteindre ! Bon courage !
Léonard : Un grand merci à vous Marie pour cet échange. On vous souhaite beaucoup de réussite pour la suite de vos projets.