Le jaune est la plus perceptible de toutes les couleurs par l’œil humain, et l’ocre jaune est l’un des plus anciens pigments utilisés par l’humanité !
Les ocres, matières colorantes préparées à partir de sables dits ocreux, viennent des terres argileuses colorées par l’oxyde de fer (Fe2O3). La législation permet l’appellation « ocre » au pigment ne contenant pas plus de 25% d’oxyde de fer. Au-delà, le pigment doit être appelé « terre ». Cependant, cela ne correspond pas forcément aux appellations historiques ou habituelles.
L’ocre jaune naturelle est répertoriée au Colour Index (CI) : Pigment Yellow 43 (PY43). On la rencontre parfois dans les anciennes recettes sous le nom de Goethite, ou parfois encore d’Ocre de Ru. Cette dernière appellation correspondait à la variété recueillie dans les rivières riches en limonite, et qui avait donc subi de façon naturelle les processus de purification par lavage et décantation. Opérations préparatoires réalisées par la main de l’homme quand le pigment provient de sable ocreux.
Différentes qualités sont produites et disponibles sur le marché, allant du pigment commun simplement broyé après extraction, aux ocres « Fines Lavées Surfines » ou encore « Lavées Extra Supérieures ». A quelques exceptions près (« ocres grands crus »), elles sont généralement assez peu onéreuses.
Dans la toute première peinture rupestre puis sur les poteries antiques
On en trouve des traces dans des peintures rupestres datant de plus de 50.000 ans (avant Lascaux et Altamira), se trouvant dans des cavernes du plateau d’Arnhem au nord de l’Australie. L’ocre jaune reste encore aujourd’hui prépondérante dans la peinture aborigène, sur écorce ou en ornement corporel.
Sous le nom de « sil », l’ocre jaune fait partie des quatre couleurs principalement employées par les Grecs anciens (jaune, rouge, noir et blanc). L’étymologie du mot « ocre » vient d’ailleurs du mot grec « ôkhros » signifiant jaune pâle, ou couleur d’œuf.
Des gisements français réputés
Les gisements d’ocres sont très nombreux de par le monde (en Europe : France, Italie, Allemagne). Jusqu’au début du 20e siècle, les gisements français du Vaucluse, des Ardennes et de Bourgogne constituaient les premiers producteurs mondiaux d’ocres. Aujourd’hui, ce pigment complètement naturel est en partie remplacé par des oxydes de fer synthétiques et les carrières d’ocres françaises ne sont plus aussi actives.
Un pigment polyvalent aux multiples nuances
Les ocres jaunes recouvrent une large gamme de nuances plus ou moins rougeâtres ou verdâtres, selon le degré d’hydratation de l’oxyde de fer, la dimension et la forme des particules, leur répartition sur le substrat minéral, la présence d’impuretés colorantes, etc.)
La taille des particules colorées a un effet sur l’opacité, les différentes ocres jaunes sont donc plus ou moins transparentes ou opaques, surtout dans les liants réfringents* comme l’huile. Les ocres sont inaltérables à la lumière mais sont sensibles à la chaleur. C’est d’ailleurs par calcination (à partir de 230-250°C) que l’ocre jaune produit les ocres rouges, plus ou moins foncées selon le niveau de chauffage.
Miscibles avec tous les liquides, non toxiques et peu coûteuses car abondantes, les ocres peuvent s’employer avec une large variété de techniques naturelles (gomme arabique, caséine, jaune d’œuf…). Elles entrent également très souvent dans la composition d’enduits colorés ou de badigeons muraux.
Pour mettre cet article en pratique, je vous propose de réaliser un nuancier dont vous trouverez le tutoriel vidéo sur la chaîne Youtube de l’Atelier des Pigments :